lundi 23 février 2009
mardi 17 février 2009
Rencontre avec Sophie Jarry
Parles nous de la genèse de "Rock’n’roll Animals", comment s'est montée l'exposition ?
Ensuite, j'ai choisi des photos d'Adrien Gallo des BB Brunes, parce que c'est quelqu'un que j'aime beaucoup ; j'ai passé pas mal de temps avec le groupe l'année dernière, et il y a eu leur semaine de concerts à la Cigale, puis Strasbourg et Bourges.
J'ai vu que tu as choisi une scénographie épurée et graphique, en accord avec tes tirages en noir et blanc. Justement, pourquoi as-tu choisi de ne travailler qu'en noir et blanc ?
Pour l'exposition j'avais prévu de réaliser toute une série en couleur avec Luke Pritchard des Kooks, je savais exactement ce que je voulais faire, ça aurait pu être magnifique je crois, mais je n'ai toujours pas pu faire ces photos et comme je les ai imaginées "pour lui", je n'ai pas eu envie de les faire avec quelqu'un d'autre. C'est pour cette raison qu'il n'y a pas de photos couleur à la galerie.
Mais quand une séance photo qui me tient à coeur ne se fait pas, je pense toujours à Steichen, qui admirait profondément Rodin et dont il souhaitait faire le portrait; Rodin lui avait proposé de lui rendre visite les samedis à son atelier de Meudon, et Steichen s'y est rendu tous les samedis, sans appareil photo (!), mais il observait Rodin, le suivait, s'imprégnait, et ce n'est que plusieurs années plus tard que Steichen a demandé à Rodin de poser devant la statue de Hugo et du penseur!!!
De même, pour quelles raisons travailles-tu à l'argentique ?
Et plus récemment Miles Kane, je l’aime vraiment beaucoup, sa spontanéité, son enthousiasme, sa joie de vivre, son rire, et son accent aussi !
Mais par contre, à la fin du mois, il y a l’exposition Nike au Citadium du 19 février au 3 mars, pour qui j’ai casté et photographié 8 jeunes musiciens et/ou comédiens.
Sinon, rien de concret, des idées, des envies, 2 ou 3 rêves et des intuitions aussi.
dimanche 8 février 2009
Inspiration
Teen Vogue has featured me on on their 20 favourite young fashion bloggers !
Check it here
Pictures by Valérian Marguery
mardi 3 février 2009
La Jeune Martyre
« Une martyre au temps de Dioclétien. Une jeune Romaine n’ayant pas voulu se sacrifier aux faux dieux, est condamnée à mort et précipitée dans le Tibre, les mains liées; le soleil est couché derrière les rives sombres et nues du fleuve; deux chrétiens, qui cheminent silencieusement, aperçoivent le cadavre de la jeune martyre, qui passe devant eux emporté par les eaux. La partie supérieure de la figure, ainsi que l’eau, est éclairée par une auréole divine qui plane au dessus d’elle. »
Lettre de Paul Delaroche, 1854
La Jeune Martyre est le dernier tableau de Paul Delaroche, peintre historique et initiateur du mouvement pompier de la seconde moitié du 19ème siècle. Paul Delaroche, membre de l’Institut, et professeur à l’école des Beaux-Arts, se démarque par son goût pour la représentation historique, qu’elle soit ancienne ou moderne, fortement teintée d’un dramatisme exacerbé. En marge d’une esthétique romantique délicate incarnée par Ary Scheffer, Delaroche se place en tête de file d’un nouveau courant, qui allie historicisme académique, et goût pour la couleur emprunté au romantisme.
The Young Martyr, also known as A Christian Martyr Drowned in the Tiber During the Reign of Diocletian is the final masterpiece of Paul Delaroche, a historical painter and precursor of L’art Pompier (Fireman Art) during the second half of the 19th century. Delaroche, a member of The Institute of France, and professor at the École des Beaux Arts, set himself apart with his penchant for historical representations from the olden times or a contemporary period, from which he drew inspiration to produce intensely dramatic compositions marked by a heavy treatment of colors. Apart from the delicate aesthetic embodied by the works of Ary Scheffer , Delaroche paved the way to a new movement that fused academic art with a fondness for colors that lent a romantic feel to the paintings.
Il connaît un large succès, notamment grâce aux Enfants d’Edouard (Louvre,1831), son plus célèbre tableau, ou encore Le Supplice de Jane Grey, où l’on retrouve tension lourde, et théâtralisation des sentiments, associées a un certain idéalisme pictural.
Delaroche received wide acclaim, due in large part to his most celebrated piece, The Children of Edward, (Louvre, 1831), or yet another famous artwork, The Execution of Lady Jane Grey, set in a heavy and serious tone and combined with a theatrical display of emotions that corresponded to a graphic and idealized melodramatic representation of an event (to the detriment of historical accuracy).
Cependant, avec La Jeune Martyre, Delaroche s’écarte du modèle préétabli. La composition se fait sobre, et se libère des signes distinctifs historiques, pas de décorum antique, ni de figures éplorées, hormis la représentation difficilement reconnaissable des deux chrétiens au second plan. Les mains liées par une corde, et l’auréole surplombant la martyre, apparaissent comme les seuls signes identifiables du drame.
Le peintre s’écarte des représentations traditionnelles et pompeuses de martyrs dans la peinture historique, à la manière des Martyrs aux Catacombes de Jules Lenepveu, réalisé la même année.
However, as for The Young Martyr, Delacroche detached himself from the pre-established model.He made use of dark compositions and freed himself of distinctive historical symbols, vestiges of the antique and grief-stricken characters, save the barely recognizable images of the two Christians in the background. The bound hands and the halo above the figure appear to be the only symbolic elements linked to the ensuing drama.The artist removed traditional and pompous depiction of martyrs in the historical painting, in the same manner as Jules Lenepveu’s The Martyrs in the Catacombs, done in the same year.
Jules Lenepveu Martyrs aux Catacombes (Orsay, 1855)
Ici, pas de procession ni d’effusion, la tableau exalte le dépouillement, et la sobriété au service d’un idéal de sainteté. Delaroche cherche à montrer le pathos de la scène, de manière intime et retenue. Ainsi le tableau distille une douce émotion sacrée soulignée par les flots calmes du Tibre, et par l’aura de lumière qui nimbe cette jeune martyre.
Fidèle à la peinture religieuse, le corps est exalté, à travers les drapés mouillés qui l’épousent et le modèlent, gonflés par le courant. Le visage serein aux lignes pures, rappellent les camées de l’époque, et se réclame d’une esthétique romantique.
La figure se détache de l’ensemble comme une apparition, grâce aux forts contrastes entre ombre et lumière. La dramatisation est donc mise en place non pas par attitudes et expressions, mais par le jeu de clair-obscur.
Here, there is no display of pomp and parade nor bloodshed; the painting glorifies the sense of loss and sobriety in keeping with the ideals of holiness. Delaroche sought to depict the pathos of the scene in an intimate and reserved manner. Thus, the painting delivers a subdued and sacred emotion emphasized by the calm waters of the Tiber and the aura of light spreading across the young martyr. What builds up the drama has little to do with the mood or tone, but mainly lies in the play between light and shadow.
John Everett Millais Ophélie (London Tate Gallery, 1851-52)
Il est difficile de ne pas comparer La Jeune Martyre à la représentation d’Ophélie, chère aux préraphaélites. L’ Ophélie de Millais, fut présentée à l’exposition universelle de Paris en 1855, année de l’achèvement de La Jeune Martyre, on retrouve aisément son influence chez Delaroche. Si le peintre ne fait pas le choix du naturalisme paysager, on peut penser qu’il s’inspira de l’atmosphère de temps arrêté, qu’il sacralisera dans son oeuvre. Sa figue de martyre apparaît comme une sorte d’ « Ophélie chrétienne», suave et angélique.
It is almost impossible not to compare The Young Martyr to Ophelia, beloved character of the Pre-Raphaelites. Millais’ Ophelia was presented at the Paris Universal Exposition in 1855, the year that The Young Martyr was completed. It is easy to find echoes of Millais’ influence on Delaroche. If the artist did not choose a pastoral setting, we can however surmise that he was inspired by the notion of suspended time which was reflected in his work. His martyr can be likened to a "Christian Ophelia", serene and angelic.
Le peintre s’écarte des passions exacerbées de ses compositions historiques, pour tendre à une atmosphère irréelle et mélancolique, propre au courant romantique, dans l’esprit de Louise Vernet, sur Son Lit de Mort (1845), qui rappelle l’œuvre du peintre Ary Scheffer.
Le chantre historique se fait ainsi poète.
The painter freed himself from the heightened emotions of his historical works to render a transcendental and melancholic atmosphere, true to romantic form, as reflected in Louise Vernet, the artist’s wife, on Her Deathbed (1845), reminiscent of Ary Scheffer’s paintings. And so the historical bard made a poet of himself.
Paul Delaroche Louise Vernet, femme de l'artiste, sur son lit de mort (Musée des Beaux-Arts de Nantes, 1845)