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Megaban

mercredi 26 novembre 2008

Les Nymphes

Toi, tu dois les aimer, les grands ciels de septembre,
Profonds, brûlants d'or vierge et trempés d'outremer.
Où dans leurs cheveux roux les naïades d'Henner
Tendent éperdument leur buste qui se cambre.

La saveur d'un fruit mûr et la chaleur de l'ambre
Vivent dans la souplesse et l'éclat de leur chair,
Et le désir de mordre est dans leur regard clair,
Dans l'étirement âpre et lassé de leur membre.

Leur prunelle verdâtre, où nagent assombris
Le reflet de la source et le bleu des iris,
A le calme accablant des lentes attirances.

On rêve des baisers qui seraient des souffrances,
Des hymens énervants et longs, les reins taris...
Ô nymphe, ô source antique aux froides transparences !

(Jean Lorrain)

Photos par Alix, the Cherry Blossom Girl

vendredi 21 novembre 2008

Louise par Margaux Motin


Sur le blog de James Bort

Louise a 4 ans ½ à tout casser.
Louise s’est glissée dans les boots un peu trop grandes de sa maman, elle a chouré les ciseaux de cuisine et s’est taillée une longue frange dans sa jolie chevelure de fée.
Sur le guéridon dans l’entrée, près des cigarettes et des clefs, elle a trouvé une paire de lunettes.C’est parfait une paire de lunettes.
Elle aurait aimé fumer la pipe, elle trouve qu’avec sa petite robe noire, ça lui aurait donné une classe folle. Mais Louise a 4 ans ½, on ne fume pas à cet âge là.
Elle a fait la grande, un peu fière, jusqu’au bas des marches, déjà qu’elle s’est pas cassée la figure, c’est pas rien nan ?
Louise, elle se regarde du coin de l’œil dans le grand miroir et elle se dit que tiens, c’est drôle quand même, elle ressemble à un dessin.
Sa silhouette toute noire et découpée comme ça, on dirait un coup de pinceau habile sur une feuille blanche. Elle a l’air d’une jolie tache d’encre en fait.
Ca lui donne envie de sauter dans les flaques de boue d’un coup.
Alors vite elle croise les jambes devant, croise les bras derrière, s’emprisonne toute seule dans son corps de grande pour ne pas risquer de se laisser aller à une quelconque bourde enfantine.
Elle voudrait regarder comme les franges et les volants de sa petite robe tournoient quand elle fait la toupie.
Elle voudrait regarder les lumières multicolores sur le mur derrière elle.Alors Louise tourne le dos, regarde dans la direction opposée, et se force à la posture des enfants sages.

Louise a 20 ans.
Elle a natté ses cheveux hauts pour dégager sa nuque pale.
Fardé ses joues du rose des premières fraicheurs de l’hiver, celui des filles gourmandes qui croquent les pommes a pleines dents.
Louise a 20 ans. A 20 ans on se joue des codes.
Elle a ourlé ses yeux de noir, cerné l’ourlet de lunettes, bordé les lunettes de sourcils sombres et curieux, soulignés les sourcils sombres et curieux d’une frange.
Et sous les contours et contours et bordures et frontières, juste le blanc. La peau.
Grâce d’une clavicule, tendresse d’une épaule.
Louise a 20 ans et à 20 ans on sait que c’est sur ces charnières charnues que repose finalement le monde.
Le reste collants, bottines, robe n’est que la gracile colonne de marbre noir qui sert à mettre en lumière en son sommet tête, bouche, clarté, charme, espièglerie.

vendredi 7 novembre 2008

Mode féminine : Le Consulat et l'Empire.

Gerard Madame Récamier (1805)

Dès la période du Directoire (1795-1799), le costume féminin se voit entièrement bouleversé, il se libère des contraintes et autres artifices. Fini les robes à paniers, les corps à baleines, les vertugadins qui entravent le corps, place à une silhouette légère, influencée par la mode anglaise et ses robes chemises . La taille remonte sous les seins, tandis que l'anticomanie se traduit par des robes d'étoffes légères, inspirées des tuniques gréco-romaines, ainsi que par de charmantes coiffures bouclées retenues par des bandeaux. Cette passion pour l'antique, s'assortit d'une mise en vogue de l'Orient. Ainsi, les dames couvrent leurs robes de gaze de châles de Cachemire très coûteux, qui se portent à l'orientale, sur les bras ou en turban. Leur préciosité traduit le goût de luxe et de sensualité des élégantes de l'epoque, ils sont signes de distinction sociale.

During the period of this regime known as the Directory (1795-1799), feminine costume took a significant shift in fashion which rid itself of constraints and other forms of artificial accoutrements on the body. Panniers/paniers (the French word for baskets, panniers are hoop frames worn as women's undergarments that support and extend the width of the skirts on the sides), heavily-boned stays, and contraptions around the bodice were abandoned in favor of a softer silhouette influenced by the fashion of the English women and their frocks. Waistlines were rather high and started just under the bust, thus creating an empire cut in dresses. Fashion was also modeled after the Classical style of the Greeks and Romans, such as the tunics and the charming hairstyles curled in soft ringlets around the face and fastened by hair ornaments. This love for antiquitiy was matched with an influence brought about by voyages to the Orient. So these ladies accessorized their diaphanous dresses with expensive shawls from Kashmir, draped in their arms or worn as a turban. These precious goods were symbols of social distinction, defining the penchant for luxury and the desire for wordly pleasures of that era.

Ingres Madame Rivière (1805)

Cette mode tend à persister sous la période du Consulat et de l'Empire (1799-1819), mais en s'assagissant. Bonaparte, qui se soucie de l'image des français, recherche une mode sans effusions ni excentricités. La sensualité et la liberté sont entravées, afin de laisser place à la décence et à la distinction. Cependant, cette démarche n'eut pas le succès espéré, car c'était sans compter le désir de contradiction de la cour.
De plus, Bonaparte, cherche à imposer la fabrication française, ainsi dès 1806, il interdit l'importation de châles et d'Indiennes, et privilegie les copies française.
Peu à peu, un écart s'installe entre le somptueux costume de cour et le vêtement de ville, plus fonctionnel et sobre. Les étoffes se font plus fines et plus claires, dans une volonté de tradition antique, et de liberté du corps, qui aspire à une certaine modernité.
La mode est dictée par les élégantes de la cour, Joséphine de Beauharnais, ou encore Madame Récamier, qui lancent un style en osmose avec l'art décoratif de l'époque, entre légèreté et désir de magnificence.

This trend prevailed under the Consulate and the Empire Period (1799-1819) though it became subdued. Bonaparte, who ruled France at the time, was concerned about the image of the French and sought a brand of fashion without the hostility and the craziness. The concepts of sensuality and freedom of dressing were hampered to give way to decency and prestige. In addition, Bonaparte imposed the restoration of the French industry, so in 1806, he banned foreign imports and promoted French goods. However, this approach did not achieve the success it wanted because it did not anticipate the Imperial Court's defiance to his authority.
Slowly, there developed a contrast between the lavish costumes of the court and the more practical and plain-looking dresses worn by the common people. As a nod to neo-classical style, the fabrics were thinner, more translucent and gave room for movement. Fashion was led by the elegant women of the court like Joséphine de Beauharnais or Madame Récamier, who launched a style that corresponded to the ornamental arts of that period and was a combination of frivolity as well as a desire for greatness.

Ingres Mademoiselle Rivière (1805)

Durant le Consulat (1799-1804), la mode du Directoire persiste encore, mais s'assagit. Ainsi, les robes se font plus décentes et respectables, en perdant transparence et fentes latérales indiscrètes, tandis que le décolleté devient plus couvrant. Le corset réapparaît sous la forme d'une sorte de soutien-gorge, le "divorce" (car il avait pour fonction d'écarter les seins.), ou le "corset à la Ninon", qui rappelle le corps à baleines, mais plus souple.
Les manches, sont soient longues et resserrées (parfois terminées par de sortes de mitaines), soient courtes, et réchauffées par de longs gants. On superpose parfois sur les robes une sorte de corsage, le "canezou" (corsage court en mousseline.), ou un "spencer" (veste à col et revers, qui se termine sous les seins.), échappé du vestiaire masculin.
L'Orient est toujours en vogue, grâce aux turbans, et aux châles colorés et précieux, qui réchauffent et illuminent la tenue.

During the Consulate Period (1799-1804), the fashion of the Directory still existed but was somewhat downplayed. The dresses became more decent and respectable-looking; the indiscreet slits and flimsiness of the clothing disappeared and the décolleté became less revealing. The corset reappeared like an underwear brassiere known either as the "divorce" (because its purpose was to lift and separate the breasts) or the "Ninon corset", which was a slightly stiffened and more relaxed version. The sleeves were either long and narrow (often paired with some sort of mittens) or short and paired with long gloves. The dresses were often worn with outerwear tops such as the "canezou" (short muslin top) or the "spencer" jacket (a very fitted top coat cropped up to the bustline that is sometimes collarless or with a flat or standing collar) that evolved from men's clothing.

Gros Madame Boyer (1800)


La mode des débuts de l'Empire (1805-1819), est marquée par une ligne plus nette et resserrée. Ainsi, le corsage est plus moulant, tandis que la longue tunique perd sa traîne. Les robes se font plus ornées, ainsi rubans et volants réapparaissent sur le bas des robes, les manches sont ballonnées et plus amples. Le châle de cachemire garde son immense succès, mais d'autres accessoires en vogue apparaissent, comme les pèlerines, les fichus, ou encore les collerettes, qui réchauffent les sorties en ville. La légèreté des robes favorise l'apparition de douillettes, manteaux plus sombres et ouatinés qui suivent la ligne de la robe.

Les modes de l'Orient et de l'antique se feront progressivement plus discrètes, pour laisser place a un intérêt grandissant pour la Renaissance et la littérature historique, qui inspirera le costume Romantique, dès la fin de l'Empire.

Fashion during the early onset of the Empire Period (1805-1819) is marked by narrow and clean lines with form-fitting tops and long, drapey tunics minus their trains. The dresses were more ornate with ribbons and had flounce on the bottom part of the dresses and had fuller and puffed-up sleeves. The cashmere shawls remained hugely popular yet other accessories also came in vogue, like the capes, kerchiefs or ruffles and frills that provide warmth when going about town.
The lightness of the dresses favored the introduction of snug and dark and quilted coats that follow the lines of the dresses.
Oriental and classically inspired touches gradually became less visible and gave way to a growing interest in the Renaissance and historic literature which would the inspire the Romantic style at the end of the Empire regime.